Amir Reza Koohestani En transit

[Théâtre]

Après Hearing et Summerless, deux spectacles qui ont marqué le Festival d’Automne, l’iranien Amir Reza Koohestani met en scène le sort réservé aux exilés, confrontant sa propre expérience dans un aéroport avec celle racontée par l’autrice allemande Anna Seghers, dans son roman Transit, publié en 1944.

Né à Shiraz, en 1978, l’iranien Amir Reza Koohestani participe au renouveau théâtral de son pays, déployant un style épuré et contemporain, explorant des sujets brûlants et actuels : la société de surveillance, l’immigration, les frontières... En transit, sa dernière pièce, est inspirée d’un événement réel. En 2018, le metteur en scène s’apprête à rejoindre le Chili quand, lors d’une escale à Munich, il est subitement transféré par la police des frontières vers la zone de transit de l’aéroport, sobrement appelée « salle d’attente ». Le motif de son interpellation ? Il est resté quelques jours de trop dans la zone Schengen, dû à la délivrance, inexplicable, de deux visas différents. Dans cette salle d’attente, Amir Reza Koohestani découvre un no man’s land anxiogène où la bureaucratie règne en maître kafkaïen. Marqué par la lecture de Transit d’Anna Seghers, qu’il doit adapter pour les planches, étonné par les échos du roman paru en 1944 avec la situation des autres personnes présentes dans cette même salle d’attente, il décide de mêler cette histoire avec le récit de l’autrice juive et allemande. Les exilés d’alors rencontrent les réfugiés d’aujourd’hui, autour de la figure d’Amir Reza Koohestani qui se met en scène, brouillant avec une élégance rare les temporalités, les genres et les références.